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Ombre d'une femme sur une caravane dont la porte est ouverte sur une banquette avec des coussins

Différencier désirs, besoins et attentes

Quelles sont les différences entre désirs, besoins et attentes ?

Notes à partir de cette vidéo d’Issâ Padovani.

Désirs

Une tension vers quelque chose, un objet. Une stratégie ou moyen (différents des besoins en CNV). Une force motrice d’action, lié à un manque, une faim. Une étoile perdue que je veux retrouver, alors que ce n’est pas dans la matière que je le peux, mais en moi, dans mon être essentiel. Se rappelle le passé, une nostalgie, l’incomplétude. Et retrouver la part manquante. Une quête de ce que je suis, mais tournée vers l’extérieur. Il peut venir de la part animal. Une Vitalité. Un élan vital. Une Flèche. Intensité et feux.

S’il n’y pas de désir (eros) dans un couple alors la relation est celle de partenaires, de sororité, fraternité plutôt que celle d’un “couple”. Même s’il y a l’illusion de trouver en l’autre la part manquante, l’étoile perdue, ce désir est porteur d’une grande vitalité.

Besoins

Des nécessités vitales dans l’ici, il n’y pas de lien avec le passé. Ils sont sans objet particulier. Une énergie motrice au service de l’épanouissement de la vie humaine en moi. Ils sont universels, contrairement aux désirs., et différents des stratégies ou moyens définis en CNV : ils sont en lien avec la part essentiel, le soi. Il y a une beauté des besoins.

L’enjeux est de rester vivant en étant connecté à la force de mes désirs y compris les plus incarnés, tout en s’assurant que c’est bien de cela dont j’ai besoin, y compris dans le domaine spirituel, et que ce qui pointe la flèche du désir est bien l’humain en moi, la conscience, et non l’animal. (Souvent c’est une personne extérieure qui peut nous le dire, comme la formule “se faire vérifier par quelqu’un” de A. de Souzenelle l’indique).

Attentes

Se construisent sur les désirs ou les besoins. Ce sont des projection dans le futur de comment je voudrais que quelque chose se passe, une réalité imaginaire projetée, espérée, attendue. Et si l’objet du désir n’est pas là je vais attendre qu’il le soit. C’est la suite logique du désir qui est une tension vers. Je suis alors tendu·e, et je risque fort la déception, la frustration, et le “pétage de plomb”. Plus il y a de tension moins j’ai de marge de manœuvre en moi. Plus mon désir est grand, plus mon besoin est en manque, plus j’ai de risque d’être déçu·e. Dans cette attente je ne suis pas dans mon pouvoir puisque j’attends de l’autre ou de quelque chose d’extérieur auquel je donne un pouvoir sur moi.

Le but n’est pas de vivre sans attentes, mais de les vivre autrement. Conscientiser les besoins derrières mes attentes, et chercher éventuellement d’autres stratégies pour nourrir ce besoin. Ou bien informer l’autre de ce besoin, lui partager ma réalité projetée, en lui demandant comment c’est pour lui ou elle.

Attendre est très différent de « s’en remettre à », dans lequel il n’y a pas de tension.

Comment faire en cas de déception ou de frustration ?

Lâcher prise (s’il ne s’agit pas d’une pensée mais d’une action, d’un mouvement en moi-même) si j’en ai les moyens intérieurs (confiance, amour…) . Ou m’offrir de l’auto-empathie (self compassion), la plus haute capacité humaine, qui est d’entrer en amitié avec moi-même. Et plus j’en suis capable, plus j’ai d’espace intérieur pour supporter une différence entre ma réalité projetée et la réalité.

Il s’agit de passer du mode des attentes au mode des préférences : si quelque chose se réalise je suis heureux·se et si ça ne se réalise pas je l’accepte aussi : je suis prêt·e à ce que cela ne se réalise pas. Je peux vivre cela en remontant à la source de mes besoins, à la source de mon être , qui est l’étoile, la plénitude de qui je suis, en me connectant à cette énergie et ce feux en moi. Goûter mon existence sans avoir nécessairement besoin qu’il se passe quelque chose à l’extérieur de moi.


Photographie : Mona Kuhn – Blues, 2008