Argent, machinisme, algèbre


« Faire l’inventaire critique de notre civilisation, qu’est-ce à dire ? Chercher à tirer au clair d’une manière précise le piège qui a fait de l’homme l’esclave de ses propres créations. Par où s’est infiltrée l’inconscience dans la pensée et l’action méthodiques. » (OC VI 1, 116-117)

« Argent, machinisme, algèbre. Les trois monstres de la civilisation actuelle. Analogie complète. »(PG5, 173)




Rapport de signe à signifié


« Après avoir fait une division, on peut toujours réfléchir sur elle, en rendant aux signes leur signification, jusqu’à ce qu’on ait compris le pourquoi de chaque opération ; mais il n’en est pas de même en algèbre, où les signes, à force d’être maniés et combinés entre eux en tant que tels, finissent par faire preuve d’une efficacité dont leur signification ne rend pas compte. »
(R, 101).

« Le rapport de signe à signifié périt ; le jeu des échanges entre signes se multiplie par lui-même et pour lui-même. Et la complication croissante exige des signes de signes... »
(PG5, 173)


Rapport entre l’effort et le résultat de l’effort

« Parmi les caractéristiques du monde moderne (...), l’impossibilité de penser concrètement le rapport entre l’effort et le résultat de l’effort. Trop d’intermédiaires. Comme dans les autres cas, ce rapport qui ne gît dans aucune pensée gît dans une chose : l’argent. » (PG5, 173-174)


Déracinement

« De nos jours, un homme peut appartenir aux milieux dits cultivés (...) sans savoir, par exemple, que toutes les constellations ne sont pas visibles en toutes saisons. On croit couramment qu’un petit paysan d’aujourd’hui en sait plus que Pythagore, parce qu’il répète docilement que la terre tourne autour du soleil. Mais en fait il ne regarde plus les étoiles. Ce soleil dont on lui parle en classe n’a pour lui aucun rapport avec celui qu’il voit. On l’arrache à l’univers qui l’entoure. » (E2, 64)


« Parmi toutes les formes actuelles de la maladie du déracinement, le déracinement de la culture n’est pas le moins alarmant. La première conséquence de cette maladie est généralement, dans tous les domaines, que les relations étant coupées chaque chose est regardée comme un but en soi. Le déracinement engendre l’idolâtrie. »
(E2, 92-93)